Pierre Miserez à la Grange: bien plus que simplement comique
Dès ce soir à la Grange… Pierre Miserez et Beuchat ne font qu’un
Dès ce soir, pour trois représentations, soit jusqu’à samedi, Pierre Miserez occupera la scène de La Grange.
Courez voir ce petit bonhomme au regard si expressif, bourré de talent dont l’humour qui le rivalise au comique est si expressif. Courez voir Pierre Miserez, cet ex-enfant de La Chaux-de-Fonds, actuellement domicilié à Genève, avant que les scènes parisiennes ne nous l’enlèvent… Et sans doute pour longtemps car il à tous les atouts pour prendre place aux côtés des plus grands. Pierre Miserez, c’est Beuchat ou vis-versa. A travers ce personnage aux accents bien jurassiens, Miserez construit des sketches, lui créant des situations, des dialogues les plus extraordinaires et les plus drôles.
Pierre Miserez dans “One Man Seul”, dont on parle déjà dans toute la Suisse romande, dès ce soir à la Grange.
(jcp – photo: M.Delley)
Bien plus que simplement comique
Enveloppé dans un manteau trop large, coiffé d’un trop grand melon, vêtu d’un pantalon trop court… et déjà par cette succession du même adverbe, il y a trop!
Dès que Pierre Miserez pénètre sur la scène, le public éclate de rire. Depuis jeudi soir, jusqu’à dimanche, à la Grange, cet acteur comique, à la mince silhouette crée un véritable petit malheur à chaque passage. Son “One man seul” constitué d’une succession de sketches est déjà passablement différent de celui présenté il y a quelques mois sur une scène chaux-de-fonnière.
Beuchat, son personnage, est plus incisif. L’humour parfois est grinçant, le comique côtoie par moment le tragique. Par ses sketches qui n’en finissent pas d’être drôles, Pierre Miserez fait admirablement bien passer des messages, livre aux spectateurs ses préoccupations. Bref, ce comédien s’affirme, s’engage résolument sur une voie originale, développe son propre style. Et quel métier, quel talent n’y a-t-il pas là-dessous!
Cet ex-Chaux-de-Fonnier, en route pour une belle carrière place son personnage, Beuchat, dans la vie quotidienne. Et c’est toujours ce qu’il a de plus cocasse. Dans les scènes somme toute assez banales, il jette un regard comique sur les choses qui l’entourent. Miserez, par son personnage-prétexte, les éclaire aussi par l’absurde. Ajoutons qu’il dialogue avec le public dont il s’assure la participation, voire le soutien.
Ainsi Beuchat se préoccupe des centrales nucléaires et en fait exploser une! Il rencontre son idole, Léonard Cohen, son ami de bistrot – un pauvre bougre, paumé et aigri, jouant de l’accordéon et cela donne sans doute son meilleur sketch. Il dialogue avec Dieu et c’est finalement Beuchat qui a le dernier mot.
Pour chaque sketch, Miserez change de ton, leur confère un environnement différent, joue remarquablement avec son corps constamment en mouvement, présente à chaque coup une nouvelle facette de son grand talent.
Avec une aisance remarquable, Pierre Miserez saute ainsi d’un sujet à l’autre et donne au comique toute sa plénitude, si ce n’est même qu’il va au-delà! (jcp)