Pierre Miserez se manifeste
Pierre Miserez est une vieille connaissance qu’on aime bien. Le spectacle qu’il livre à St-Gervais est aussi une vieille connaissance. A l’enseigne de Miserez se manifeste. Le comique neuchâtelois fait rire depuis quelques années déjà. Sous ce titre, il avait renoué avec un one man show abandonné pendant 4 ans. “Quand on est seul sur scène, on fait don de soi, de sa vie, explique-t-il Et il arrive qu’on ne soit plus capable de le faire parce qu’on n’est pas bien. C’est ainsi qu’après 10 ans de scène en solitaire, j’ai craqué, juste après mon dernier spectacle, intitulé prémonitoirement La main tendue ne répond plus.“
Après une interruption consacrée au travail avec des metteurs en scène comme Jean-Louis Hourdin ou Bernard Meister, il a donc repris du solo. Avec Miserez se manifeste, il ose tout, redessine par exemple le paysage politique suisse, les petits enfants écrasés par les bulldozers, la tragédie du Rwanda… “En Suisse, constate-t-ilon a raté un contour: l’Europe. Mais on en fera partie malgré nous. Notre pays est un mélange d’hypocrisie et d’humanité. Mais j’aime mes sapins et ma fondue.”
Pierre Miserez se définit comme “un saltimbanque assez solitaire”, mais il aime toujours les gens, a besoin d’eux pour son inspiration. On le rencontre encore au petit matin, en train de danser dans les parties, ou au bal des pompiers. “C’est là que je prépare mes sketches, ce n’est pas du voyeurisme, j’aime les gens.” Il se dit militant, résistant, ne serait-ce que, parce que être un artiste en Suisse, c’est déjà difficile. Mais pour autant ne se jette pas dans les grands centres à la mode et précise l’étiquette qu’il veut bien endosser: “Je suis un résistant de la décentralisation”.
Tribune de Genève | G.Pr.
16 mai 1997