Décapant Pierre Miserez
Var-matin
Le spectacle de Pierre Miserez restera dans les annales comme étant le première fois qu’un Suisse “avec l’accent” comme l’a noté une spectatrice, se produit sur la scène de la Méditerranée “dans le Calvados” précise l’artiste. Mais également comme le spectacle au cours duquel le comique aura fini un sketch entièrement nu sur la scène, un moment poilant et somme toute assez irréel pour l’ensemble de la salle.

“On va faire une chose, vous allez tous fermer les yeux”. Et personne ne les ferme alors qu’il lâche son drapeau Suisse pour se rhabiller (photo: Luc Boutria)
Tantôt cruel, tantôt agressif, jouant, chantant et jonglant, utilisant des accessoires, mélangeant les genres humoristiques, Miserez a, durant une heure, fait tourner la tête du public. Ironique parfois l’humour noir et toujours au second degré, il a livré un spectacle très pu conventionnel: s’il interpelle le public et interagit avec lui, il se moque aussi des gens, se moque de lui-même, se moque des Français et des Suisses (“les derniers indiens d’Europe, ils vivent dans une réserve. Non, on n’a pas fait la guerre 14-18, ni celle de 39-45” déclame-t-il en jouant de l’accordéon “exsusez-nous” dit-il dans une pirouette).
Ce clown a d’ailleurs fait physiquement tourner la tête du public puisque le comédien est également jongleur. Passant sans arrêt de la scène à la fausse loge dans laquelle on le voit, il confie ses peurs, ses angoisses “je ne sais s’ils ont tout compris”.

Clown polyglotte qui mélange les formes d’humour, Miserez, réactif et rapide, a fait démentir beaucoup de clichés sur les Suisses
Sur scène, il se met à faire la contorsion tout en se confiant à son psy, fait tourner une assiette sur un bâton en téléphonant à sa mère et en lui racontant ce qu’il est train de faire. Il se livre à de la jonglerie absurde en lançant des cartes en l’air, faisant tomber toutes ses balles ou envoyant tous ses cerceaux dans le décor.
Un spectacle survolté et survoltant, loupe à défauts tant des autres que de lui-même et toute cette violence et cette énergie, loin de vexer, le rend encore plus sympathique. Cela donnerait presque envie de s’installer en Suisse.