L’humour suisse en plein BOOM
L’illustre
Festival du rire de Montreux 1999
On dit volontiers que la Suisse est belle , mais triste. Non sains raison. Au pays du consensus mou, les artistes et autres agitateurs d’idées, peu respectueux des institutions et d’une certaine imagerie de carte postale, ont longtemps été regardés de travers. Un humoriste, c’est forcément suspect, non? Du coup, quand Emile confie qu’il n’a jamais été fiché par la police fédérale, on est presque autant surprise que lui. La Suisse a changé. A tal point que, aujourd’hui, le baromètre de notre humour national est au beau fixe.
Oubliée les années de vaches maigres où le Suisse ne semblait plus bon qu’à alimenter les plaisanterie douteuses de son voisins français! A la fin des années 80, l’humour suisse apparaissait moribond. Zouc et Emil se retiraient en plein gloire et le rideau tombait comme un couperet sur un scène helvétique dont la relève était bien trop timide.
Dix ans plus tard, on assiste au grandes manoeuvres d’une véritable légion d’humoristes suisse. A l’instar du Québec, en état d’affirmation culturelle permanente, la Suisse romande semble en passe de vaincre le complexe d’infériorité qu’elle nourrissait naguère vis-à-vis de la France de Coluche, Desproges et Le Luron. A l’époque, aucun Helvète n’aurait osé défier de tels phénomènes sur leur terrain. L’humour suisse ne pouvait dès lors espérer franchir les frontières.
A quelque chose malheur est bon. La mort tragique de ces génies du rire a suscité des vocations, un sorte de comedy-boom d’où sont issus François Silvant, Carabine FM, Cuche et Barbezat, Pierre Miserez, les Gros Cons, Marie-Thérèse Porchet née Bertholet, Bergamote, etc. Et une nouvelle génération pointe déjà le bout de son nez avec Peutch et Gabriel Tornay, que les festivaliers auraient tort de manquer cette semaine dans le cadre du Trophée Perrier.
Les humoriste romande existent, se renouvellent et, c’est plus nouveau, suscitent l’engouement de la critique et du public parisiens. Voyez le succès de Miserez au Point Virgule, de Bergamote au théâtre du petit Hébertot, et le triomphe de Marie-Thérèse Porchet que Drucker et Delarue s’arrachent après son triomphe à la Comédie-Caumartin!
Hier à l’étroit dans leur boîte à chocolats, les Suisses faisaient rire leurs voisins, bien malgré eux. Aujourd’hui, ils s’affirment et n’hésitent plus à aller se faire voir ailleurs. L’humour made in Switzerland prend des air conquérants.
Et tout le monde applaudit.
Blaise Calame