Un humour où la dérision est teintée de poésie
Quotidien jurassien
4 août 1998
On aime ou on n’aime pas, mais Pierre miserez est incontestablement un artiste talentueux, au comique souvent irrésistible. Ses sketches, basés sur une observation très fine de l’espèce humaine, sur ses failles et ses fragilités, peuvent être appréciés de différents façon. Ils font rire, mais permettent aussi de s’interroger et même de s’attendrir sur le comportement de nos semblables et de nous-même.
Par rapport au spectacle vu précédemment, il y a trois ou quatre ans à Saignelégier. Pierre Miserez nous a paru plus poétique, moins pessimiste et moins provocateur. Cela dit, son humour reste caustique, voire parfois légèrement acide. Il est à déguster sans arrière-pensée, l’esprit libre et, tout compte fait, procure un bien-être appréciable.
Au début, le personnage Pierre Miserez arrive sur scène dans ce qui représente sa loge d’artiste et avertit la régie qu’il aura du retard à cause d’un accident de voiture. En plus, comme cela arrivera quelques fois pendent son spectacle, il est dérangé par un téléphone de papa ou de maman.
Une des astuces de la mise en scène, qu’on doit au Belge Renaud Rutten, est de nous monter l’artiste retournant après chaque sketch dans sa loge pou y boire un verre d’eau, se recharger, manger une banane, se motiver, se donner du courage ou se déguiser selon le personnage qu’il va interpréter par la suite.
Ainsi, devant nos yeux défilent un conducteur amené par un agent au poste de police à cause de son fort taux d’alcool au volant, une vielle dame, un très digne professeur analysant et disséquant le rire des grand comiques, un patient chez son “psy”, un jongleur d’assiettes chinoises conversent au téléphone avec sa maman ou un artiste de cirque ratant ses jongleries.
Le public aura également à une version très originale et très drôle de la fable de La Fontaine Le loup et l’agneau, à une parodie de strip-tease ou aux tentatives maladroites et touchantes d’un jeune artiste voulant mirer la naissance, la vie et la mort d’une fleur. Pour certains numéros, l’artiste prend sa guitare ou son accordéon et chante.
G.V.