Miserez en grande première à La Grange
L’impartial
Samedi 28 mai 1994
Un rire apocalyptique
“Vous n’êtes pas un Blanc comme les autres!” avait affirmé une troupe d’Africains hilares à Pierre Miserez quand il se baladait au Zimbawe. Et de fait. Hie rosir à La Grange, pour la première mondiale de son nouveau spectacle – la salle était archicomble mais ça, vous l’aurez compris – il a offert à son public une plage de délire de la plus belle eau.
Ça fait du bruit. Ce “Miserez se manifeste” de façon tonitruante, avec tambour, grosses caisse, porte-voix, grand airs d’opéra, hélicoptère, bulldozers et on en passe. Le fil rouge: La Grange va se faire démolir d’une minute à l’autre pour construire à la place une grande surface commerciale. A partir de là, accrochez vos ceinture, le commandant de bord a complètement déjanté.
Le sang gicle, la sauce des spag’idem – Miserez aime bien faire des détours du côté Hara Kiri de temps en temps – tout ça mélangé avec les bienfaits de la sophrologie, l’accordéon, la psychiatre, Dieu, la création, le big bang et le leçons de diction.
Miserez fait toujours du Miserez, pour notre plus grand plaisir. Mais cette fois, il n’est plus seul en scène. Son partenaire, le jeune artiste jurassien Alain Roche, joue vraiment le deuxième larron, non un simple rôle de faire-valoir, et se remarquables talent donnent au spectacle une nouvelle dimension. La musique en fait partie intégrante, et permet à Miserez d’exprimer une forte belle voix de basse, avec des accents quasi wagnériens!
Il n’exhibe pas que sa voix d’ailleurs. Ses pectoraux aussi… et tout le reste, brièvement il est vrai, mais enfin le public n’était pas censé regarder. Loufoque, extravagant, Miserez est bien sûr d’une drôlerie irrésistible. Mais n’en inclut pas moins dans ses sketches de la cruauté, de la violence, pas mal de dérision. Et aussi de grands élan de tendresse, la quête d’une espérance, qui va bien plus loin qu’une simple soirée pour faire marrer.