L’IMPERATISTE – La Chaux-de-Fonds

Un jour d’orage, 1980, Beuchat décide que ça suffit comme ça, les choses vont changer! Glissé subrepticement dans la peau de Pierre Miserez, comédien chaux-de-fonnier, il jure d’aller crier sur les planches tout ce qu’il pense – et croit bien penser. C’est d’abord “One man seul”, et un succès rapide. Chapeau et vieux manteau, le personnage entre dans la légende. Un second épisode en 1984, quand Beuchat arrive “Trop tard”, même devenu milliardaire. Malgré tous les doutes, malgré une inquiétude viscérale, Pierre Miserez remet ça. Beuchat n’a guère changé, physiquement, mais ses aventures se corsent, et le font fouler le sol d’Afrique.

Pour tester son nouveau spectacle “Y m’énerve”, il a choisi “son public” de La Chaux-de-Fonds, par gymnasiens interposés. Il a convaincu et voici déjà quelques impressions qui nourriront l’attente. Pierre Miserez sera au Théâtre de La Chaux-de-Fonds, dès le 24 février 1987, pour quelques jours.

VOUS “MISEREZ” SUR LUI

Il va à nouveau bientôt arracher la grimace, déclencher le rire ou évoquer les personnages de la vie courante. Pierre Miserez avait quelque peu disparu de la circulation ces derniers temps, et son personnage avec. Et pour cause! Loin de déposer les plaques comme tout bon Chaux-de-Fonnier qui se respecte, Pierre Miserez a remis l’ouvrage sur le métier, créant une nouvelle épopée pour Beuchat. Une année de travail en compagnie de son metteur en scène Pierre Maulini, des va-et-vient continuels entre Genève et Paris ont finalement débouché sur un résultat, qui, espérons-le, séduira le spectateur.

Après un premier test en public à Develier, Pierre Miserez a affronté une assistance qui se veut critique, entendez par là les gymnasiens de La Chaux-de-Fonds. L’artiste neuchâtelois a avoué qu’il s’était senti très ému par ses retrouvailles face au public. Des retrouvailles teintés de succès, semblent-il, mais on connaît la prudence et la modestie de Pierre Miserez dans ses appréciations.

UN PARI

Cette mise en jambe sera suivie du départ proprement dit du nouveau spectacle, et ce le 27 novembre à Genève (Théâtre St-Gervais). Pierre Miserez n’as pas eu peur de… miser gros puisqu’il ne se produira pas moins de 5 semaine dans la Cité de Calvin, suivies d’une tournée à Lausanne.

Mais qu’est donc devenu ce brave homme? Aux dernières nouvelles, il semblerait qu’il ait atteint la présidence dans le pays d’Afrique à l’issue d’un voyage gagné… au loto! Malheureusement, ses nouvelles fonctions lui montent gentiment à la tête, à l’image de nombreux frustrés de notre époque.

Pour qui ce qui est de la chute, accrochez vos para… chutes, car notre ami Beuchat peut aller très vite losqu’il s’agit de revenir sur terre. Un nouveau pari de Pierre Miserez, étayé par une publicité à la mesure de ses ambitions; de quoi nous réserver quelques bonnes soirées dans un proche avenir.

a. Su.

Y M’ENERVE

Eh bien, pas du tout. Grâce à lui, Pierre Miserez, nous allons enfin, après de nostalgiques mois d’attente, retrouver Beuchat. Un Beuchat exotique, qui visite en touriste (on ne peut pas l’être plus) un pays africain dont il deviendra très rapidement et bien malgré lui le ROI (!). Un roi secondé par un “Premier Ministre” de fort mauvaise augure…

De cette situation en découlent d’autres toujours plus rocambolesques, et parsemées de mordantes allusions à notre triste actualité. Tout se termine dans une interrogative confusion(à comprendre sur place…), de laquelle Miserez lui-même ne se sort pas.

Un très bon spectacle, où le comédien construit admirablement l’espace scénique qu’il occupe à lui tout seul, avec très peu d’accessoires, mais quels accessoires!!! Reste à Miserez, à rôder son mime, parfois troublant…

Il utilise toujours autant son public, et se permet quelques improvisations croustillantes. (CT)