L’humour au pouvoir
Le nouveau spectacle de Pierre Miserez
Annoncé pour la fin de ce mois de novembre: le retour de Beuchat! Qui tout comme Tintin – mais la comparaison s’arrête là – s’apprête à partir à la découverte de l’Afrique noire. Le petit personnage que s’est inventé voici 6 ans le comédien Pierre Miserez nous revient donc tel que nous l’avions laissé, successivement, dans One man seul et Trop tard. Avec son vieux manteau, son chapeau mou et une pochette jaune. Habits usagés qui ressemblent un peu, dans le souvenir, à ceux-là mêmes que Pierre Miserez portait dans son enfance. “Parce qu’on était trois en famille, que cela coûtait cher et que c’était les soldes!”.
Féroce
Pour sa rentrée – Genève d’abord et Paris plus tard – Beuchat, drôle de type, est le héros de nouvelles tribulations. Toujours extravagantes, déraisonnables et, osons l’adjectif, franchement odieuses parfois. Féroces dans tous les cas. Parce qu’à l’image du monde quotidien bourré de contradictions, dit Pierre Miserez,. Lequel reconnaît volontiers, en souriant, qu’il n’est jamais parvenu à accepter et la sacro-sainte hiérarchie et les institutions. Encore une affaire de pouvoir: “Au fond, affirme-t-il, je suis un inadapté!”
Pas étonnant, dès lors, qu’é la gentillesse et à la naïveté du comédien Pierre Miserez celui-ci oppose, par le biais de Beuchat, son double, son frère insolent, des comportements, des attitudes qu’il s’amuse à dénoncer en riant.
Petit homme
Dans ce nouveau one man show, Pierre Miserez raconte ainsi l’histoire d’un petit homme ordinaire qui, parce qu’il joue au loto, gagne un jour un voyage en Afrique. Où, à peine arrivé, en touriste… ordinaire bien sûr, il prendra le pouvoir. “Comme on fait ses courses dans un supermarché.”
Voici Beuchat dictateur. Avec, qui sait, le rictus de Charlot – sans la moustache. Mais comme il s’agit d’une fable et d’une farce, la chute s’annonce très, très inattendue. Sur le mode burlesque, dans un spectacle auquel Pierre Miserez avoue travailler en solitaire, puis avec Pierre Maulini (mise en scène), depuis une année. A doses homéopathiques, délices de la fiction et plaisirs du spectacle bientôt partagés.
Le Matin, quotidien romand
Patrick Ferla