Miserez, le retour
Le Locle
Le comique honorera La Grange
C’est à l’ombre de ses sapin, entouré de ses souvenirs, que l’ambassadeur du délire a voulu nous faire rire. C’est en nous contant ses quarante-deux printemps et ses cheveux gris qu’il a voulu nous faire sourire. “En première mondiale”, Miserez le fou se produira à La Grange dès demain, un lieu où, après un long silence, il a créé son nouveau spectacle “Miserez se manifeste”. Poète, tendre, extravagant, il n’existe plus, le Miserez d’aujourd’hui a un superbe goût de vrai, qui rit ses peines, qui pleure de ses joies, qui se moque de ses fantasmes. Sortez les mouchoirs. Il y a quatre ans, alors que le doute envahissait son âme, Miserez se réfugia dans les ombres de la scène, préférant nourrir ses aspirations à la recherche de sa vie spirituelle. “Aujourd’hui, Dieu m’emmerde, parce que je l’aime”. C’est à ce moment qu’il développa l’essentiel de sa vie, où “l’art et l’humain ne peuvent être dissociés”. Et parce qu’il rencontra le jeune Roche, musicien qu’il ne cesse de couvrir d’éloges, Miserez reprit goût au rire. Ses sketches, mis en boîte et en musique, ont alors prise un autre dimension. Mais Miserez reste Miserez, un homme drôle, “le mec qui me fait le plus rire”, déclare Barbezat, qui, avec l’aide complice de Cuche, a mis en scène le spectacle de ce père presque spirituel. L’homme qui adulait les one-man-show est devenu acteur de théâtre, reconnu par ses pairs les plus illustres, et revient aujourd’hui à ses premières amours, avec une force et une envie qui le caractérisent à merveille. Lui qui, pourtant l’air si tendre, récolte parfois des baffes qui marquent l’oeil. Tout simplement parce qu’il veut rire du quotidien et de ceux qui le font. Apprécie qui veut cette forme d’humour, pointilleuse à souhait, décidée à rompre toutes les amarres de la conformité.
“Miserez se manifeste” est toute sa vie, son vécu, qui nous entraîne dans “les embouteillages des passions humaines”. Des expériences douloureuses qui font rire. “Je suis loufoque, extravagant, sincère. Je suis Miserez, qui a peur de voir le monde basculer dans la technocratie”. Alors pourquoi se priver de le rencontrer, dans l’antre de la création qu’il a choisi pour préparer son retour, puisqu’il nous dira ce que deviennent l’âme et la poésie. Dans l’univers de clowns, on ne méprise pas la sensibilité. Nos hommages à Miserez, ceux-là mêmes qu’il rend à ses Montagnes.