Pierre Miserez: Noël à Paris
Arc Hebdo – numéro 47
jeudi 24 décembre 1998
“Ce siècle est fatigant. Le néolibéralisme et ses Mac-Donald nous ont fatigués. Le missiles qui tombent sur Bagdad entre deux spots publicitaires à la télé nous fatiguent.
La spéculation boursière et ces gros boeuf d’attachés-cases nous fatiguent. Les discours interminables de Fidel Castro sont fatigants.
Pour un chômeur, aller pointer à longueur de journée, ça doit être fatigant. Alors un chômeur, qu’est-ce- qu’il fait la journée? Et bien il va aux champignons: “oh un bolet!, c’est ma gamme qui sera contente. Chérie… chèrie je t’ai apporté un bolet.” Sa femme: “tu me fatigues, avec ton bolet”, alors y va au bistrot d’à côté: “hé le gars, je vous apporte un bolet”, les gars du bistrot: “tu nous fatigues avec ton bolet”, alors, le chomeur, y se retrouve seul. La solitude, c’est fatigant; regarder la société à deux vitesses, ça fatigue, un enfant de Sao Paulo qui doit se baisser pour trouver de la nourriture dans la poubelle, ça doit être fatigant, le Tiers monde et ses affamés sont fatigués, l’Europe et ses retraités sont fatigués, les obèses avec leurs pop-corn sont fatigués, l’église est fatiguée; Jean-Paul II, quand y baise le sol du Nicaragua, c’est parce qu’il est fatigué, et répondre continuellement aux journalistes qui le harcèlent avec la même question: qu’est-ce que vous pensez du préservatif?” Le Pape: “mais laissez-moi, j’suis fatigué!”. Le divorcés sont fatigués, les couples sont fatigués: “chérie je t’aime”, la femme: “moi aussi”, ça doit être fatiguant, Bill Clinton est fatigué, Le Pen est fatigant, les Suisses et leurs banques sont fatigués, le stress de Noël et sa course aux cadeaux, c’est fatigant. Nouvel an arrive, je suis fatigué, tout le monde est fatigué. Le XXIème siècle sera le siècle de la fatigue ou ne sera pas!
Alors, quand on est fatigué qu’est-ce on fait? Et bien on va se coucher.
Allez, bonne année.
Pierre Miserez