Pierre Miserez ne craint pas de se mettre à nu au propre comme au figuré
L’humoriste jurassien s’amuse de ses angoisses et de sert de son vécu pour faire rire la salle jusqu’à demain, il est l’hôte de la manifestation. Rencontre avec un grand monsieur.
Quand on lui demande sa profession, Pierre Miserez dit qu’il est un artisan du rire, un comédien-humoriste. Ce fils d’horloger, né au Locle, quelque part entre Genève et Glasgow comme il le dit, a fait de la perfection son fer de lance. Dans son spectacle “A suivre”, il offre un florilège de ses observation. Jusqu’à demain, il est l’invité du Festival des arts vivants.
Comment travaillez-vous?
La création se fait d’une manière inconsciente. Je pars du vécu. Je ressens des choses avec le coeur, l’esprit… A un certain moment, cela s’accumule. Et cela doit sortir. La fin de vie de ma grand-maman, mes trois retraits de permis et la fatigue m’ont inspiré des sketches. Le reste, c’est du délire. Avec le drapeaux suisse, ce n’est pas le fait de se mettre à poil qui m’intéresse, ma de poser avec le fanion. Le drapeaux véhicule tout ce que la Suisse a de tabou. Tout le respect que ça peut inspirer.
Le personnage angoissé qui téléphone à la régie et à sa mère, est-ce une caricature de Pierre Miserez?
Oui, c’est moi. Je parle de mes inquiétudes. Ma il fallait les tourner de manière drôle. Maintenant ça va beaucoup mieux. J’ai une approche différente, je prends les choses avec humour. Les banques ont remplacé les cathédrales, on chuchote l’argent comme dans un confessionnal. c’est absurde.
Etes-vous un homme heureux?
La vie, c’est vivre son idéal. Je suis heureux. Mon métier m’aide beaucoup. Il me colle à la peau. J’ai travaillé durant quatre ans dans un vivarium. J’ai vécu une période de désespoir. Je faisais des sketches dans les bistrot. Un jour j’ai veux Dimitri. Je me suis dit: “Je veux faire comme cet homme”. Je me suis ensuite inscrit à un école de théâtre à Genève. Les gens parlent de talent. Mais je rejoins Brel, c’est du travail. du travail, rien que du travail. Il faut avoir de la force de caractère, jouer avec les relations publiques. Le talent, c’est tout ça.
Etre seul sur scène, n’est-ce pas pesant?
Au début, je vomissais avant d’entrer sur scène, je passais de nuit blanches. Maintenant, j’affronte la scène comme un match de boxe. Le public est là, même si souvent j’ai joué devant 20 ou 30 personnes… Il y a 10 ans, je voulais tout arrêter. Maintenant j’ai à nouveau le virus.
Vous sentez-vous à l’aise dans ce festival?
Oui. Depuis que je suis à Paris, je renouvelle beaucoup de contrats. Il faut souvent être reconnu ailleurs pour intéresser. Mon travail est le même. Là-bas, on dit que je suis un nouveau clown avec une originalité personnelle. Ici on me connaît, là-bas, on me découvre.
Dimanche, lorsque vous avez interrogé le public, saviez-vous que vous vous adressiez au conseiller d’Etat Claude Ruey?
Non. Je ne le connaissais pas et je m’en fous. Je suis un pitre, un nomade, un provocateur. Un jour, on m’a presque foutu dehors d’un plateau télé. C’est mon caractère. Ce métier est lié a ma recherche totale d’indépendance, de la liberté. Parfois ce n’est pas évident.
Pensez-vous que l’on peut rire de tout?
On peut rire de tout, même de Dieu et je crois en Lui.
Vous êtes croyant?
J’en parle peu. Ce sont les actes qui comptént. Je souffre d’une absence de spiritualité dans ce monde. On peut croire en Dieu et être athée. Je suis préoccupé par ce qu’il y a après la mort. Elle me fait peur, c’est comme ça. Je me pose beaucoup de questions.
Contessa Piñon