Miserez n’a pas fini de rire
Il avait pourtant juré qu’on ne l’y reprendrait plus. Le Chaux-de-Fonnier retrouve, dès demain au Locle, le spectacle d’humour.
“Mariez-vous! Faites des enfants! Et divorcez!”, improvise Pierre Miserez quand on lui demande un slogan pour attirer les spectateurs à son nouveau spectacle d’humour. Mais il se reprend vite: “Non non! N’ecrivez pas ça! Mais plutôt: Vivez! Souffrez! Aimez!” Il y atout Miserez dans cette attitude: le provocateur dévastateur et le timide soucieux de racheter ses excès. “Il m’arrive de faire scandale dans un boîte, au point de me ramasser une baffe. Et, lendemain, j’ai un échange fabuleux avec un vieux dans un bistrot”, ajoute-t-il, comme pour obtenir l’indulgence de son interlocuteur.
Mais ces jour, le comédien est trop stressé pour laisser exploser son tempérament sur la voie public. Car demain soir, à la Grange du Locle, ce sera la première de “Miserez se manifeste!”. Il y a quatre ans, le quadragénaire aux boucles grises et folles avait tourné le dos au one-man-show, après un monumental coup de déprime. “C’est épuisant d’assumer ce boulot, cet exhibitionnisme, ce statut d’amuseur. J’en avais marre des tournées en solitaire. Pour ce quatrième spectacle d’humour, je me suis d’ailleurs entouré de Cuche et Barbezat pour la mise en scène et d’un pianiste, Alain Roche, qui sera un peu le clown blanc du spectacle.”
Loin, très loin du comique alimentaire de télévision, le tendre allumé a connoté des textes méchamment doux, gentiment assassins, grivoisement tendres et proprement cochons. Interprétés sur le mode du music-hall, avec accordéon, guitare et tambour, ils devraient agacer les zygomatiques et chatouiller les neurones. Miserez est un “artisan du rire”, comme il dit. Trop modeste: il est d’abord un grand artiste.
Philippe Clot