Miserez Il est dingue, complètement dingue…
L’impartial
mardi 9 mai 2000
Le nouveau Miserez (Pierre de son prénom), est arrivé vendredi soir au théâtre Superflu, avec son spectacle “A Suivre…”. Il avait des saveurs de l’ancien et le pétillant d’une cuvée toute fraîche. Avec juste ce qu’il faut de clins d’oeil aux précédents spectacles pour que l’on entre de plain pied dans les sentiers d’un jardin connu qui dévoile sans cesse de nouvelles merveilles. D’ailleurs il était fort utile, pour l’édification des jeunes générations, de revenir au numéro basique de la planète Miserez en relançant le désopilant “Il est où mon chapeau?”.
Mais le comique avait des tours cachés dans ledit chapeau. En une heure et demie de spectacle, il a aligné une série de sketches de la meilleure veine, sachant finement rompre les récits au bon moment, excellent dans le ruptures de genre, et glissant d’une expression à l’autre (mime, acrobaties, chant, rien ne l’effraie), en surprenant à chaque fois des spectateurs pliés de rires. A qui il n’épargne rien, que ce soit les affres de l’artiste avant d’entrer en scène, le coup de fil inquiet de sa maman, les pastiches de chanteurs célèbres, etc. Un moment de délice fut celui d’une version inédite du loup et l’agneau, le carnassier interrogeant Monsieur de La Fontaine par natel – “ici, c’est le loup, page 48” – face à un agnelet contestataire.
Avec l’âge et l’expérience, Miserez a l’audace heureuse et de plus en plus irrévérencieuse; jusqu’a se mettre à nu, à l’ombre du drapeau suisse, et dévoilant aux vilains curieux l’intimité de son anatomie. Si vous avez l’occasion d’aller l’applaudir, ne lui demandez pas de rappel car là encore, il vous jouera une entourloupe de désabusé qui, paradoxe, rend encore plus douloureux le moment de se quitter.
IBR