Quand Miserez dégaine son arme
Ce sont les spectateurs qui sont morts de rire. L’humoriste neuchâtelois est de retour avec son nouveau one-man-show “A suivre” qu’il donne en première à Fribourg. Interview.
Pierre Miserez est de retour, avec un nouveau spectacle “A suivre”. Rassurant parce que clea sous-entend qu’il y aura (peut-être) une suite, ce qui ne va pas forcément de soi chez cet humoriste pour qui la remise en question se fait avant et après chaque présentation. Qu’il croque un animateur de home, un patient en pleine psychanalyse ou un concierge bloqué dans un ascenseur. Pierre Miserez se saisit des petits malheurs quotidiens pour en faire des sketchs qui sont autant de moments de bonheur pour son public. Questions à un humoriste pour qui le rire a une vertu thérapeutique.
Alors, quelles impressions après cette première?
– Je l’appréhendais un peu car dans mon dernier spectacle, je n’étais pas seul, j’étais accompagné d’un musicien, Alain Roche. Pour moi, ça a été un défi de se retrouver à nouveau seul sur scène. Je me suis souvent dit que je n’y arriverai pas. D’ailleurs la première était prévue en Belgique mais je ne me sentais pas prêt, on a dû annuler. Ce soir, je suis content car les gens ont ri, cela signifie que je peux continuer, qu’une émotion a passé.
Jouer à Fribourg, c’est comment?
– Le lieu est magique ici. Jouer dans une usine, c’est génial. En plus, j’aime énormément la ville parce qu’on y parle français et allemand. Mon rêve est de monter un spectacle en 3 langues, français, allemand et anglais. Je tâche d’ailleurs de faire au moins une heure par jour de cours de langue.
Comment en êtes-vous arrivé là?
– Après une formation de comédien, j’ai mélangé les choses que j’aimais faire, théâtre, clownerie, mise en scène, enseignement de théâtre. Je fais de temps en temps de la télévision, mais je n’aime pas trop ce milieu, ni le show bis. Pour moi, c’est comme aller timbrer chez Longines, juste pour gagner sa vie… Ce que j’aime, c’est surtout le comique et encore plus le cirque. Je ne suis pas un génie du texte, je préfère de loin le comique de situation.
Votre métier, c’est de faire rire les autres. Vous trouvez-vous toujours drôle?
– Je fais rire parce que j’ai la réputation d’être un comique, mais dans la vie, je suis plutôt maladroit, timide, gauche, angoissé. Tout en aimant la vie et les gens, je ne suis pas toujours très drôle dans mes pensées.
Jusqu’à quel point votre spectacle est-il autobiographique?
– Un temps, j’avais beaucoup de peine à séparer ma vie du spectacle. Maintenant, je dissocie mieux, même si ces sketchs contiennent pas mal d’éléments autobiographiques. En fait, sur scène, il faut que j’extériorise mes angoisses. Si je n’avais pas la scène, je deviendrai sûrement fou.
Vos sketches traitent de questions sociales, ils révèlent un certain don pour l’observation de notre société. En quelques mots, votre vision de son avenir?
– Comme je le dis dans mon dernier sketch, on arrive à une fin de siècle où les gens sont fatigués. Le communisme? Fatigué! Le capitalisme? Fatigué! L’église? Fatiguée! L’islam? Fatigué! Or après une telle fatigue, on se réveille. Bouleversement il y aura, mais je crois ensuite à la naissance d’une belle nouvelle société.
Un objet que vous prendriez sur une île déserte?
– Un livre. L’Evangile
Le dernier film que vous avez apprécier au cinéma, c’était?
– “Le cercle parfait”, sur Sarajevo, parce que c’est un film plein d’émotion. Mais j’aime aussi les grosses productions américaines…
Votre dernier spectacle s’intitule: “A suivre”, cela veut-il dire que l’on va devoir vous supporter longtemps?
– (Rires) Peut-être.
Propos recueillis par Carole Waelti
La Liberté
Vendredi 21 novembre 1997